Les élections américaines 2016 ont ouvert un débat très important outre-Atlantique : Quel est l’impact des géants d’internet dans les urnes ? Au centre des débats, la publication massive de “fake news” ou “misinformations” mises en place en Russie et particulièrement utilisées et relayées par de nombreux supporters de Donald Trump sur Google, Twitter ou encore Facebook. Le phénomène est-il en train de se répliquer pour les prochaines élections se demande le NY Times ?
Sundar Pichai, CEO de Google n’a pas caché lors d’une interview pour la BBC certaines failles lors des dernières élections américaines et a ainsi admis qu’il y a eu “de mauvaises décisions prises” et a confié ”il s’agit d’un moment d’apprentissage pour nous” [dans la modération de contenu]. Il a fini en ajoutant “De notre point de vue, les fausses informations ne devraient pas être distribuées, donc nous sommes tous d’accord qu’il faut que les choses s’améliorent”.
Du côté de Facebook, Mark Zuckerberg, son fondateur, a eu un petit peu plus de difficultés à admettre ses erreurs. Même s’il a exprimé la volonté de faire des efforts dans la modération, il a également ajouté « Identifier la vérité est compliqué. Si certains canulars peuvent être totalement démontés, un grand nombre de contenus, y compris provenant de sources grand public ont souvent la bonne idée de base mais avec des détails faux ou omis.”
Mais quelles ont été les dernières mises à jour majeures de Google, Facebook ou encore Twitter depuis 2016 ?
Google à la chasse des images trompeuses trafiquées
Voici le type d’images que nous pouvions retrouver à la suite des élections 2016 :
“Donald Trump a remporté une victoire écrasante de 7,5 millions de voix dans 3084 des 3141 comtés ou équivalents de comté du pays”
Afin d’offrir plus de visibilité sur la distinction entre fake et fact news, Google a ainsi développé une option “Fact-checking” permettant de mettre en avant si une photo ou un article a été approuvé comme véridique ou non :
Le principe est assez simple : à l’aide des données structurées ClaimReview des tiers seront en mesure de valider ou non un article ou une image présentée sur Google.
Même si Google a annoncé que cela n’aura aucune incidence sur le classement des images ou des articles, il sera en revanche un élément non négligeable pour faire la différence entre les informations correctes et les fausses.
En cas de litige, il est également possible pour un site de porter réclamation auprès de Google qui examinera le bien fondé de Fact cheking.
Facebook peu ambitieux contre la désinformation
En 2016, Mark Zuckerberg, fondateur et PDG du premier réseau social utilisé dans le monde, avait dû se justifier auprès du Congrès américain sur la publication d’annonces politiques russes en faveur du candidat Donald Trump.
À la suite d’un communiqué publié sur sa page personnelle le 3 septembre, le CEO de Facebook n’a cependant pas annoncé de grandes avancées dans le domaine. La stratégie de Facebook serait en effet principalement de ramener le plus de personnes aux urnes à l’aide de liens d’inscriptions, dernières updates et des vidéos tutoriel mises en avant sur l’ensemble des pages des utilisateurs américains.
En termes de désinformation cependant, peu d’actions majeures sont à noter. L’ensemble des actions ont pour premier but d’encourager les personnes à venir voter en évitant de mauvais renseignements sur le sujet (risques de contamination, désinformations sur la manière de voter…). En outre, il ne sera plus possible de diffuser de nouvelles annonces politiques lors de la dernière semaine avant le vote, cependant l’ensemble des annonces ultérieures le seront. Aucune vérification de ces annonces n’a été annoncée par la firme. Les fausses informations concernant la manière de voter, seront quant à elles filtrées uniquement 72h avant les élections.
Aucun filtre des informations publiées et partagées n’a été annoncé en dehors de Messenger “Nous allons limiter le risque de rendre des désinformations et informations nuisibles virales en limitant le partage sur Messenger. Il sera toujours possible de partager des informations sur les élections, mais vous serez limité sur le nombre de chats sur lesquels vous les partagerez.”. De manière concrète, un message pourra être transféré que cinq fois sur Messenger et même une seule fois pour des contenues plus “sensibles”. Déjà implémenté sur Whatsapp, cela est appliqué sur l’ensemble des informations relatives à la politique, vraies ou fausses. Nous pouvons tout de même déplorer aucune réelle action pour bannir les fake news du réseau social.
Whatsapp
Whatsapp de son côté a développé un bouton permettant d’effectuer une recherche rapidement à partir d’un élément partagé sur sa plateforme. Lorsqu’un message est partagé plusieurs fois sur sa plateforme, un bouton en forme de loupe sera automatiquement visible à la droite de la prévisualisation. Celle-ci permettra de faire une recherche sur le web afin de vérifier cette information. Utilisation se voulant simple, cela incitera ainsi les utilisateurs de la messagerie, propriété de Facebook, de vérifier si une information est vraie ou non.
Cette option n’est pour le moment uniquement disponible aux Etats-Unis, Brésil, Espagne, Irlande, Italie, Mexique et Royaume-Unis.
Twitter et les fake news ?
Twitter a fait parler de lui il y a quelques semaines lorsqu’il a masqué un tweet de Donald Trump qui s’avérait être une information fausse sur le vote par voie postale.
Le petit oiseau bleu a en effet mis à jour ses conditions d’utilisation et notamment une partie dédiée à l’intégrité électorale en mentionnant “Vous n’utiliserez pas les services Twitter dans le but de manipuler ou d’interférer avec les élections ou tout autre processus civiques”. Plus loin dans l’un des articles du centre d’aide Twitter dédié, nous pouvons y lire “La conversation publique qui a lieu sur Twitter n’est jamais plus importante que lors d’élections ou d’autres événements civiques. Toute tentative de saper l’intégrité de notre service est contraire à nos droits fondamentaux et porte atteinte aux principes fondamentaux de la liberté et de l’expression, la valeur sur laquelle notre entreprise est basée […] Nous pensons que nous avons la responsabilité de protéger l’intégrité de ces conversations contre les interférences et les manipulations. »
Parmi ses actions, nous pouvons citer la suppression de nombreux comptes. Nous pouvions notamment y trouver des comptes se faisant passer pour des protestants du “Black lives matter” et souhaitant par la suite voter pour Donald Trump.
Nous avons dans cet exemple de nombreux faux comptes partageant le même discours “J’ai été Démocrate toute ma vie. J’ai rejoint la protestation du Black Lives Matter au commencement. Ils m’ont ouvert les yeux. Je n’avais pas remarqué que j’étais devenu un Marxist. Cela est arrivé sans même que je m’en rende compte. J’en ai terminé avec ces conneries. Je vais m’inscrire chez les Républicains. Donnant à Twitter une chance”.
Ce message, relayé par des dizaines de comptes, a poussé Twitter a mener une action de suppression des comptes qui copiaient-collaient le message.
Les élections américaines de 2020 à l’image de 2016 ?
La question est donc en suspens pour le moment. L’impact des réseaux sociaux sur les élections ne fait aujourd’hui aucun doute. Les grandes entreprises de l’IT l’ont bien montré en signant ensemble le mois dernier un engagement à “la protection de l’intégrité” lors des élections à venir. Parmi ces participants nous pouvions y trouver Facebook, Google, Twitter, Reddit, Microsofit, Pinterest, LinkedIn, Wikimedia et Verizon Media. Nous avons maintenant pu constater que chacun a adopté des résolutions différentes et nous pouvons toujours nous demander si l’ensemble de ces actions parviendront bien à limiter la diffusion des informations erronées. Affaire à suivre !